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11 janvier 2017

Carnet / Dans l’ère du soupçon

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Plus que jamais, nous pouvons soupçonner chaque scrutin, du local au national, de se résumer à cette phrase et il ne fait pas bon l’envoyer dans la figure de ces militants prompts à vous accoster dans la rue ou sur le marché avec leurs affiches et leurs tracts, surtout celles et ceux arborant une quarantaine motivée et bien pensante encore fraîche émoulue de sa petite nuit debout et autres monômes printaniers qui n’en doutons pas, refleuriront au premier soleil comme les crocus, fripés à peine éclos.

C’étaient d’ailleurs les mêmes spécimens qui m’avaient fait les gros yeux lors d’un café philo sur le thème de la démocratie parce que j’avais eu l’indélicatesse de risquer une allusion à Thomas Hobbes. Pour ces gens confits dans le politiquement correct, la seule mention de ma part de Thomas Hobbes les conduisait de facto à me soupçonner d’adhérer à la totalité des idées de ce philosophe qui peut certes apparaître à certains égards comme un intellectuel sulfureux mais qui fut aussi l’un des premiers penseurs à dessiner le cadre de l’État tel que nous le connaissons aujourd’hui dans ses fonctions régaliennes. De même que j'ai trouvé dans mes dix-huit ans de l'intérêt aux théories de Max Stirner dans son ouvrage L'Unique et sa Propriété, je n'en ai pas pour autant fait mon livre de chevet.

À l’époque, je m’étais fourvoyé dans ce débat sans savoir que les cafés philo, outre le fait qu’ils relèvent plus souvent du café du commerce, peuvent parfois être organisés dans des contextes assez douteux. En relisant le compte-rendu de celui-ci, je m’aperçois du manque de vigilance dont j’avais fait preuve à ce moment-là, notamment au sujet d’une conférencière présentée comme spécialiste des questions religieuses et de l’islam dans leurs rapports à la démocratie qui accompagnait l'animateur et dont j’avais tout de même trouvé les propos suspects, le discours filandreux et le positionnement politico-religieux très ambigu.

J’étais sorti suffisamment perplexe et mal à l’aise de cette rencontre pour ne point remettre les pieds dans ce genre d’animations échappant parfois au contrôle de leurs organisateurs. Plusieurs des thématiques suivantes et certains intervenants (dont l’un qui déclencha un scandale) confirmèrent ma méfiance.

Sans tomber dans le contrôle excessif, il faut tout de même savoir que de nombreuses formes de prosélytisme connaissent un inquiétant regain, qu’elles avancent souvent masquées et qu’elles empruntent volontiers les réseaux des structures culturelles, sociales voire scolaires chaque fois que leurs responsables,  leurs usagers et leur public qui ne sont évidemment pas infaillibles baissent la garde.

Ce n’est pas de gaieté de cœur que ce constat nécessaire doit être dressé : voici l’ère du soupçon.

 

02 janvier 2017

À vous qui passez ici, douce année 2017 !

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29 décembre 2016

Mon herbier de Noël et du Nouvel an

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Noir hellébore nom ténébreux donné par quel chagrin sorcier à cette belle des frimas en aube blanche et aux joues roses

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Le houx

Dans le sous-bois l’automne madame houx met son collier et court quand vient le marché de Noël un grand danger

 

 

 

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Drôle d’idée par Saint-Sylvestre de s’embrasser sous les joues rondes et pâles de ce petit vampire des arbres

 

 

 

 

 


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Le lierre aime les vieilles pierres la pierre aime les jeunes lierres ainsi toujours en sera-t-il et contre cet amour le givre ne peut rien

 

 

 

 

 


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Le fusain prend sous son bonnet de si bien briller en automne que pour la messe de minuit le voilà tout ratatiné




 

 

 
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Quand ralentit le cœur du passereau dans la nuit blanche l’épine noire veille et ouvre ses prunelles
Que ces petites lunes bleues soient de bon bec ô palpitant

 

 

 

 


© Éditions Orage-Lagune-Express (textes Christian Cottet-Emard), 2010 et 2016. Droits réservés.
Photos : (1)  Hellébore noir (Roses de Noël) photographié ces derniers jours sous la façade Ouest de ma maison. (2) Houx sauvage photographié dans la forêt près de chez moi. (3) Gui. (4) Lierre. (5) Fusain (bonnets d'évèque dans ma haie) (6) prunelles (bélosses) sous la neige dans ma haie. 
Photos Ch. Cottet-Emard et Marie-Christine Caredda (sauf gui (3) et lierre (4).